Un son retentit. Le garde sursauta.
Tiré brutalement de sa somnolence, sa première crainte fut qu’un officier l’ait surpris. La quatrième veille était toujours la pire. A moitié éveillé, son cou endolori par le poids conjugué des heures et du casque, le garde plissa les yeux dans l’espoir de percer la nuit sombre et le brouillard peu engageant qui sourdait du sol, à l’approche de l’aube.
Dans le même temps, il tentait de se rappeler quel était le timbre, l’intensité, l’origine du bruit qui l’avait tiré de son demi-sommeil. Un raclement sourd. Ou quelque chose du même ordre. Ce n’était pas que l’on risquât réellement une attaque. Pas ici. Pas maintenant. Pas alors que lui, Friedrich, était de garde. Ce ne serait vraiment pas de chance. Mais nombre de ses compagnons n’en avait guère eu, ces dernières années. Pourquoi ne serait-ce pas son tour, dans l’obscurité, dans le silence, dans l’oubli ?
Le raidissement brutal de sa nuque lui fit réaliser que sa tête venait de piquer de nouveau vers l’avant. Il ne pouvait résister ni au sommeil ni au déferlement des pensées les plus sombres. La peur. Comme toujours. Fruit de l’imaginaire. A inventer des bruits. A créer des ombres dans la brume. Certains finissaient fous, d’autres, moins chanceux, rejoignaient le Chaos.
Là ! De nouveau ! Le grondement ! Ce n’était donc pas son imagination ! Quelque chose était là. A quelques pas. Le long du rempart. Dans la douve asséchée. Un homme-rat ? Un ogre ? Un démon ? Que faire ?
Quelques minutes furent nécessaire au pauvre homme pour rassembler le courage de crier faiblement son : « Qui va-là ? ». Tandis que ses cheveux tentaient de percer le cuir de son sous-casque, il regretta instantanément sa témérité. Un chuintement gras lui répondit. La chose était consciente. Elle l’entendait. Il l’entendait. La confrontation était déjà inévitable. Comme la Cité du même nom.
Les genoux tremblants, ses mains crispées sur la hampe de sa hallebarde, sans vraiment raisonner son attitude, il fit quelques pas mal assurés en direction du bruit. Là ! Là ! Une forme sombre, ramassée, compacte. Un sanglier ? Les torchères qui encadraient la lourde porte étaient trop loin ! Il ne pouvait que distinguer la forme.
Forme qui choisit ce moment pour bouger. Rouler serait plus exact. Révélant des reflets métalliques ainsi qu’un grognement ressemblant à un éboulement. Un nain ! C’était un nain ! Son bouclier attaché dans le dos. Roulant le long de la pente du fossé. Comme s’il avait marché jusqu’au rempart puis s’était retrouvé à tenter de marcher à travers le mur. Il semblait glisser lentement, de guingois, un peu en crabe, contre la paroi de pierres.
Le pauvre garde sentait encore la sueur glacée lui couler jusque dans ses bottes. Par l’étrange alchimie des humeurs, sa frayeur se mua en colère. Il apostropha le nain : « Hé toi ! Qui va-là ? ».
Le nain était ivre. Pour sûr. Rond comme une barrique. Ou blessé. Peut-être. Ou fou. Ou les trois à la fois. Comment savoir ?
L’être, aussi large que haut, sembla réagir à cette voix impérative. Il fit alors quelque chose de totalement inattendu : il bailla amplement, s’étira brièvement, se redressa et sorti du fossé boueux en grommelant.
La bouche encore à moitié ouverte, entrant dans la lumière chaude des torches, il fixa son œil farouche sur le garde tandis qu’il avançait. L’homme réalisa que le bruit caverneux qu’il entendait était en fait la voix du nain qui lui parlait :
« - Oui, bon, on va pas en faire une histoire. J’ai marché si longtemps que je me suis endormi. Et j’ai dû dévier de la route pour finir à quelques pas de la porte. Ca arrive. »
La curiosité du garde l’emporta sur la prudence et il dit sans y penser :
« - Vous étiez ivre ? »
Ce fut comme si le nain avait reçu une gifle. Il resta interdit un bref instant.
Lorsqu’il reprit la parole, du givre semblait se projeter par-devers lui et former un pont scintillant qui s’évanouissait dans l’air humide de cette fin de nuit.
« - L’on me nomme Grimril l’intraitable. Je suis un vétéran du Cœur Ardent, mandaté par le capitaine. Je viens demander audience à tes supérieurs. Je veux un baquet d’eau pour ma barbe, une chope chauffée et une miche de pain en attendant qu’ils s’éveillent. Si toutefois vous savez encore ce qu’est l’hospitalité, par ici. »
Il ajouta, sur un ton moins glacial : « Quant à toi, si tu ne veux pas finir dans mon livre, tâches de me trouver une brassée qui ne soit pas coupée… »
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/hrp
Salut à tous,
Deux mots de présentation, ainsi qu'il convient lorsque l'on s'invite chez les voisins.
Les vétérans du Cœur Ardent forment une guilde récemment créée, sur la base d’une douzaine de joueurs se connaissant par le biais de nombreux (et parfois anciens) mmorpg. Notre objectif est de disposer d’une force capable de peser sur le destin du monde, tout en restant sur une taille moyenne de 30 à 40 membres. Nous misons donc d’ores-et-déjà sur le concept d’alliance pour pouvoir parvenir à offrir à tous un jeu régulier et ambitieux.
Nos principes sont fondés sur le roleplay d’une petite troupe aux origines indistinctes (nous avons un background de guilde mais nous ne l’afficherons que progressivement, puisque cela fait partie de la trame que nous proposons à nos membres d’explorer). Toutefois, les plus érudits d'entre vous auront reconnu le Coeur Ardent comme un ancien Ordre de Chevalerie, originellement attaché au Grand Théogone, mais depuis passé sous les ordres de l'Empereur.
Compte tenu de votre background et de votre positionnement très impérial, je me dois de préciser quelques points sur le Coeur Ardent. Tout d'abord, le krak de ces chevaliers s'est effondré il y a quelques années dans un silence politique assourdissant, quoique ni le clergé ni la couronne n'aient dénoncés les titres et charges qui s'attachaient à cet ordre.
On murmure, de longue date, que le Coeur Ardent aurait eu une fidélité peu affirmée envers l'Empire : des accointances avec les nains lui ont été reprochées. On dit également qu'un chevalier de cet ordre ne refusait jamais de rendre service à un nain.
Pour ces raisons, le Coeur Ardent n'a jamais été en odeur de sainteté. Mais ses origines mystiques (on le dit fondé du temps de Sigmar, ou sur la foi d'un inspir divin ayant été révélé à un jeune chevalier, reconnu par le Grand Théogone de l'époque) l'avaient jusque ici préservé.
Pour en revenir à notre compagnie, il y a quelques années, une petite troupe assez hétéroclite, semblant mercenariale, est apparue sur divers fronts. Elle se fait appeler Vétérans du Coeur Ardent.
Nombreux sont ceux qui doutent d'un lien entre ces soi-disants vétérans et l'Ordre du Coeur Ardent. Avec raison, si l'on observe que de surcroît, cette compagnie est dirigée par un Répurgateur et qu'elle ne compte aucun Chevalier impérial... Des chevaliers point, mais des nains, oui.
Voilà, je n'en dis pas plus à ce stade. Nous verrons bien la suite.
Pour ce qui concerne notre organisation, comme toute soldatesque, la vie de notre groupe est rythmée par deux temps :
- l’attente, la préparation, le délassement
- l’intensité brutale de l’engagement armé.
Deux modes de jeu caractérisent ces deux aspects. Le premier suppose un jeu roleplay détendu, qui propose à chacun de mettre en scène son personnage dans un cadre respectueux des autres, c’est durant ces phases que nous avançons en PvE, en Lore (via le ToK), en artisanat et en event.
Le second est le combat. Notre hiérarchie est alors clairement définie (Capitaine, Second, Lieutenants, Vétérans sont nos grades de guilde) et nous comptons sur l’engagement individuel et collectif de notre compagnie. Le RP est alors mis de côté au profit de la réactivité et de la coordination (teamspeak est notre logiciel de comm vocale).
Nos valeurs sont simples et classiques, en quelque sorte : respect, confiance, maturité, entraide, autonomie, efficacité.
Nous espérons pouvoir aborder le jeu au côté d’autres guildes de l’Ordre. Nous disposons de contacts réguliers avec l'Aube et avons contacté par voie épistolaire ou par le biais d'ambassades, la plupart des guildes qui composent le Conclave.
Nous pensons pouvoir nous y faire une place sans trop de peine, puisque nous savons être capables de forger des amitiés très réelles dans ces mondes dits virtuels. Nos précédentes expériences nous l’ont prouvé.
Notre ambition est de donner à chacun des souvenirs pour plus tard, car au fond, que reste-t-il des univers précédents dans lesquels nous nous sommes investis, sinon d’excellents souvenirs. Dans cette optique, le RvR de masse, par sa dimension épique, nous attire tous, plus encore ceux d’entre nous que nous appelons les camelots nostalgiques.
Voilà pour cette présentation, j’espère avoir clarifié quelques points toujours difficiles à aborder en /tell, je reste à votre disposition pour toute information qui vous paraîtrait nécessaire à la poursuite de cette démarche, que nous espérons fructueuse, pour tous.
A très bientôt,
Grimril, l’intraitable,
Brisefer C19/R17, Brasseur de potions, Rassembleur de Butins de Guerre
Emissaire des Vétérans du Cœur Ardent
ps. Je tiens à remercier tous les membres de votre Ordre qui ont renforcé hier soir notre effectif, afin de reprendre les forts du front nanique.
Les réservistes d'Alicornis nous ont empêché de reprendre les fortins d'Ostland et du Pays des Trolls, mais vos effectifs ne nous ont pas lâchés, restant avec nous pour la seconde partie, bien plus fructueuse.